Coralie Cornou   

Transflorescence

La rose est

                       sans pourquoi

 

"nourris en toi l'amour de la nature, c'est la meilleure manière d'apprendre tout ce qu'il faut savoir de l'essence de l'art"

Van gogh

ERNST HAECKELbiologiste allemand (1834-1919)"Formes artistiques de la nature"

 


"Le Beau est une manifestation de force secrète de la nature qui sans lui nous resteraient éternellement cachées"

Goethe



Comment ne pas s'émerveiller de ces expressions protéiformes qui s'accouplent à chaque instant dans une économie qui est celle de la vie, car celle-ci : "ne sépare pas sa géométrie de sa physique" selon Valéry. C'est cet émerveillement qui est à l'origine du travail de Ernst Haeckel qui a méticuleusement dessiné ces radiolaires, méduses et autres organismes qui nous stupéfient par leurs extraordinaires structures. Bien qu'elles soient symétrisées par l'esprit de celui qui a voulu en capturer l'essence, elle restent néanmoins fidèles à la réalité et révèlent ainsi une biodiversité biologique d'un point de vue aussi scientifique qu'artistique. 


Le titre de l'ouvrage est explicite, les formes de la nature œuvrent de telle sorte à la beauté et à la complexité de la vie que l'on en vient à les prendre pour art. La beauté est elle intrinsèque aux objets naturels ou bien est-ce un attribut existant seulement dans l'esprit de celui qui contemple? Et si ces formes et ces structures qui organisent le monde et nos perceptions se confondaient de telle sorte que l'on ne puisse savoir de laquelle est née l'autre ? Ce sont ces questions qui se posent dans cette branche de la philosophie qu'est l’esthétique.

Kant (critique de la faculté de juger) disait que la beauté de la nature est sans concept ; c'est-à-dire que le sens naît de la forme directement. En effet, les formes naturelles sont cause et effet d'elles-mêmes. Par ailleurs, leurs lois sont accessibles au regard mais restent irréductibles à un mécanisme. La science est qualifiée de mécanique dans le sens où l'homme comprend seulement ce dont il peut reproduire le fonctionnement. Or il nous est impossible de reproduire le mécanisme interne de la vie. On peut le traduire en un langage, on peut le copier, le comprendre indirectement, mais sa vitalité intrinsèque nous résiste. On ne peut que le décrire sans vraiment l'expliquer. Kant pensait que c’était ce défaut d'objectivité physique des formes naturelles s'inversant en un supplément subjectif qui était à l'origine du sentiment esthétique.  

Ainsi un sentiment esthétique naît d'une dialectique entre objet et sujet au seuil entre l'objectif et le subjectif. Une alliance subtile entre légalité cognitive et liberté imaginative.