Coralie Cornou   

Transflorescence

La rose est

                       sans pourquoi

 

La vraie vie est absente. Mais nous sommes au monde. La métaphysique surgit et se maintient dans cet alibi Emmanuel Lévinas, Totalité et Infini

Origines et horizons sensibles de la métaphysique
 

 

Naviguer entre désir de totalité et finitude humaine

Mon mémoire explore les tensions qui façonnent la métaphysique, notamment ce tiraillement entre notre désir humain d'atteindre une totalité et la prise de conscience de notre propre finitude. Il cherche à comprendre comment la métaphysique structure notre rapport au monde et à nous-mêmes, tout en mettant en lumière les paradoxes et les limites de cette quête sans fin.

 

Un sujet pris entre clôture et ouverture

L'étude débute en abordant la « clôture » de la métaphysique, un moment où l’on se rend compte que l'on ne peut jamais atteindre un fondement absolu. Le sujet humain, dans ce cadre paradoxal, oscille entre un besoin irrésistible de tout comprendre et une impossibilité de combler le vide d'intégrer pleinement le non-être qui demeure en arrière plan de toute spéculation. Ce vide irréductible et incompressible redéfinit notre relation à Dieu et bouleverse l’ordre du réel.

 

La structure du sujet métaphysique : Paradoxe et désir

Le sujet métaphysique est ensuite interrogé à travers cette aporie. Cette relation au néant révèle une dimension cachée de l’être, à la fois un fondement et une contradiction. Ce fondement, qui se trouve au-delà du cogito cartésien, nous montre une présence paradoxale, où le désir insatiable de totalité se mêle à la reconnaissance d’une différence ontologique.

 

 

 

 

Je trouvais ce dessin pertinent et j'ai voulu le mettre pour illustrer le propose de mon mémoire mais je me dois d'en éclairer la provenance. Il s'agit d'une illustration de la philosophie de Douglas Harding. Douglas Harding (1909–2007) était un philosophe, écrivain et enseignant spirituel britannique connu pour son approche unique de la question de l'identité personnelle et de la conscience. Son travail se concentre sur l'exploration de ce qu'il appelait "l'absence de tête", une méthode de méditation et d'investigation introspective pour découvrir ce qu'il considérait comme notre véritable nature. Harding a eu une révélation lorsqu'il marchait dans l'Himalaya : il a soudain réalisé qu'il n'avait pas "de tête", c'est-à-dire qu'il n'était pas limité à un point de vue personnel, mais qu'il était, dans son essence, pure conscience, sans forme ni limite.
Ce concept est devenu le fondement de son livre le plus célèbre, On Having No Head: Zen and the Rediscovery of the Obvious (Vivre sans tête : redécouverte de l'évidence). Harding a développé une série d'exercices simples pour aider les gens à expérimenter directement cette "absence de tête". Ces exercices invitent à retourner l'attention vers soi-même pour constater que, du point de vue de la conscience, il n'y a ni "tête", ni visage, mais un espace ouvert où le monde apparaît.

Télécharger le mémoire "Origine et horizon sensible de la métaphysique"

 

Phénoménologie et désir d'origine : Le moteur de la quête

La crise de la raison moderne divise le sujet, mais le réel surgit malgré tout, brut et ininterprété. Le désir devient ici le moteur de la quête métaphysique, soutenu par une dynamique esthétique infinie et une énergie vitale pulsionnelle. C’est cette tension entre le flux de la vie et l’appel de l’origine qui rend compte de notre rapport toujours insatisfait au monde.

 

 

L’Ouvert et les figures de l’altérité : Vers la création

Le concept clé de l'« Ouvert » apparaît ici comme un horizon, un espace d'altérité dans lequel l’humain se trouve exposé. Cet « Ouvert » prend forme dans notre rencontre avec l’animalité, dans l’altérité éthique de l’autre et dans les événements qui structurent notre existence. C'est dans cet espace mouvant, où le pulsionnel rencontre l'existentiel, que la création trouve sa place, entre déchirure et révélation rythmique.

Extrait 
 

" La mort de Dieu, loin de clore notre représentation du réel, révèle la nécessité d’une compréhension en constante évolution, ancrée dans l'expérience de l'absence et de la présence, permettant ainsi la libre circulation des opposés qui rend l'unité dynamique possible. L'absence est nécessaire pour l'existence : la conscience de la mort et la reconnaissance des limites permettent à l'existence de se maintenir dans une dynamique vivante et ouverte. Ce mouvement perpétuel entre affirmation et négation, entre présence et absence, est ce qui anime la vie et maintient la fluidité du réel.

 

Le désir de clore notre compréhension du monde est ainsi, non pas une fin en soi, mais un témoignage de notre incapacité à saisir la totalité de l'être, tout en alimentant la dynamique qui rend l'existence significative et vivante. Ainsi, la métaphysique, loin d'être un cadre fixe et unifié, est une exploration constante qui doit s'ajuster aux réalités dynamiques et fragmentaires du monde. En acceptant que nous sommes à la fois partie intégrante du réel et incapables de saisir sa totalité, nous nous libérons des anciens paradigmes rigides et nous ouvrons à une approche plus fluide et inclusive de notre existence et de notre compréhension du monde.

 

La réflexion métaphysique continue alors à jouer un rôle crucial en nous poussant à réévaluer constamment nos perceptions et nos représentations de la réalité, tout en acceptant la complexité et l’incertitude inhérentes à notre condition humaine. " 

 

Tantôt c’est le pli de l'infini, tantôt les replis de la finitude qui donne une courbure au dehors et constituent le dedans...Deleuze, Foucault

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