Coralie Cornou   

Transflorescence

La rose est

                       sans pourquoi

 

Mon site, reflet de mon parcours artistique et personnel évolue pour épouser plus fidèlement l’évolution de ma propre vision du monde. Le changement de nom de Morphorescence à Transflorescence est une manière de marquer cette transformation, non seulement dans mes recherches plastiques, mais aussi dans ma réflexion.

Morphorescence : un voyage analogique entre forme et sens

Morphorescence, en tant que concept, était un pont entre l’imaginaire et la réalité, une exploration des formes et des significations à travers un voyage analogique. Dans cette phase, l’accent était mis sur l’interconnexion entre les formes visibles et les interprétations que nous en faisons. Chaque forme, chaque matérialité était perçue comme porteuse de significations multiples, et ma démarche consistait à décoder et décomposer ces formes pour en révéler les strates de sens.

Une réflexion autour de la notion de forme
 

Le terme Morphorescence résulte de la fusion de deux notions essentielles :

 

  • Morphè (μορφή), qui signifie "forme" en grec ancien.
  • -escence, dérivé du latin, qui suggère un état en transformation, un processus en devenir.

 

Ainsi, Morphorescence peut se comprendre comme le "processus de transformation de la forme". Ce concept invite à une approche polymorphe, explorant les interconnexions entre les formes visibles et leurs multiples significations.

 

Dès l'origine, ma démarche intégrait l'idée d'un processus, mais celui-ci restait fragmenté, rythmé par une succession d'instants figés, de moments qui se suivent sans réellement se toucher. Une tension persistait déjà entre l'être, oscillant entre stabilité et mutation. Aujourd’hui, je souhaite approfondir cette ambivalence en mettant davantage l’accent sur le processus lui-même, en m’éloignant progressivement de l’idéal formel.

Transflorescence : un tournant vers la question de la transformation et de l'épanouissement des formes

 

Le passage à Transflorescence marque un tournant dans ma réflexion. Là où Morphorescence se concentrait sur l’interprétation des formes et de leur sens, Transflorescence s’attache désormais à interroger la notion même de transformation et d'épanouissement de la forme. Ce changement de perspective s’inscrit dans un désir de dépasser la simple interprétation des formes afin de s'inscrire pleinement au cœur de leur devenir. 

 

Etymologie 

 

Le passage de Morphorescence à Transflorescence repose sur une recherche étymologique et sur l’introduction d’un autre néologisme. "Transflorescence" provient de deux racines :

 

  • "Trans", qui signifie "au-delà" ou "par-delà", soulignant une idée de mouvement, de passage ou de transformation.

  • "Florescence", dérivé du latin florere ("fleurir"), qui évoque l’épanouissement et la floraison.

 

Ce néologisme exprime ainsi le dépassement des formes statiques pour embrasser leur devenir dynamique, leur métamorphose naturelle et poétique. "Transflorescence" incarne la notion de transition vers un état d’épanouissement, et d'évolution continue au sein de cet épanouissement. 

 

La force de l'épanouissement 

Transflorescence trouve un écho profond dans le célèbre vers du mystique allemand Angelus Silesius :

 

"La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu’elle fleurit,
Elle ne se soucie pas d’être vue."

 

À l’image de cette rose, les formes naturelles ne sont soumises à aucune finalité extrinsèque : elles adviennent dans un pur acte d’auto-déploiement, sans justification ni dessein extérieur. Contrairement aux artefacts humains, conçus en vue d’une fonction, les formes vivantes s’inscrivent dans un processus d’auto-genèse, une dynamique interne où l’être et le devenir ne s’opposent pas mais s’entrelacent.

 

Toute forme, qu’elle soit organique ou inerte, demeure prise dans un mouvement qui n’est pas simple altération accidentelle, mais expression même de son mode d’existence. Ce mouvement n’est pas un simple passage d’un état à un autre, il est la tension ontologique par laquelle la forme advient et se dépasse à la fois. Loin d’être réductibles à leur utilité, les formes naturelles s’accomplissent dans leur propre processus d’épanouissement, en une nécessité qui n’a d’autre justification qu’elle-même.

L'essence de Transflorescence
 

C’est ici que Transflorescence trouve son essence : dans la capacité des formes à être leur propre finalité, à se justifier en elles-mêmes. La nature nous enseigne que toute forme est une perpétuelle auto-genèse, un devenir sans terme extérieur. Le mot grec phusis, traduit par "nature", dérive du verbe phuô, signifiant "croître" ou "se produire soi-même". Ainsi, la nature n’est pas une fabrique, elle est un acte d’engendrement ; elle ne projette pas, elle s’expérimente dans son propre surgissement.

 

Avec Transflorescence, il ne s’agit pas simplement d’interroger la métamorphose des formes, mais de penser leur dynamique immanente, leur puissance d’auto-transcendance. La transformation ne se réduit pas à une transition linéaire d’un état A à un état B : elle est un mode d’être, un excès sur toute fixation, un mouvement qui défie les catégories figées et rappelle que vivre, c’est avant tout se déployer dans l’inachèvement.

 

Ce cheminement épouse aussi ma propre quête de mutation : Transflorescence n’est pas seulement un concept, mais une expérience en acte, une invitation à reconfigurer mon approche artistique et à faire de ce site un espace vivant, fluide, en perpétuelle métamorphose, à l’image des formes qui l’inspirent.